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Le blog du renard

Le renard est là qui observe au loin la société des hommes.

La mystique gilets jaunes

On n’y croyait pas alors. On ne l’imaginait pas. Les plus optimistes même. Et pourtant le 17 Novembre 2018 eut lieu. On pensait alors que tout était plié, que tout était arrangé, que tout était calculé, et que le calcul était exact. « La mondialisation triomphera ». On ne pouvait croire autrement. On voyait, on constatait, on savait que le peuple était endormi, et qu’endormi il allait recevoir l’injection létale ; on savait alors que la défaite était assurée, que l’Histoire était absoute, on savait que tout était fini. Et le 17 Novembre eut lieu. 

Et les gilets jaunes eurent lieu. Et le peuple reparut, tout de bonne humeur, tout joyeux, tout marrant, tout heureux d’être là, d’être peuple, d’être historique. Car le peuple reparut tout historique. Tout nouveau, tout moderne, mais le même ; tout ancien, tout antique, le même. Le peuple reparut tout mystique. Qu’on le sache. 1792 était descendu au rond-point, et discutait tranquillement avec 1871. Les gilets jaunes sont l’élite, l’élite révolutionnaire de la Nation. Peuple-Christ a reparu.

 

Ils ne s’en doutaient pas alors ces gilets jaunes, ces petites gens, ces gens de rien, de rien du tout, ils ne s’en doutaient pas qu’assemblés ils seraient d’une telle puissance, que de leur réunion sortirait la flamme de 1789, ce souffle sacré, le même, qui fit les Révolutions et qui défit les rois. Ils l’ont su. Rapidement. Le pouvoir l’a su immédiatement. Du reste les gilets jaunes ne pouvaient pas le savoir. Ils sont arrivés modestes le 17 Novembre. Il ne s’agissait pas d’être une puissance, il ne s’agissait pas d’être puissant, il s’agissait simplement de montrer la réalité de leurs conditions, de leurs vies. Modestement. Ils sont arrivés tout naïfs. Ils croyaient que le simple étalement de leurs situations, de leurs salaires, de leurs vies difficiles, misérables, suffirait à soulever une indignation qui aurait obligé le pouvoir à agir pour eux, à réduire cette injustice. Belle erreur. C’était mal connaître la nature du pouvoir, et particulièrement de ce pouvoir libéral. Tous les pouvoirs sont oligarchiques, et toutes les oligarchies maintiennent et doivent maintenir l’injustice fondamentale, le fossé fondamental, qui existe entre le petit nombre qui gouverne, qui finance, qui profite, et le grand nombre qui travaille. Non pas fondamentalement par vice, non pas fondamentalement par méchanceté, mais fondamentalement, fatalement, par inertie. Toute oligarchie est fatalement conduite à maintenir l’injustice fondamentale entre le petit nombre et le grand nombre, et, s’il n’y rencontre pas de résistance, à creuser l’injustice fondamentale. Inversement, tout peuple est fatalement conduit à résister à l’injustice fondamentale, et, s’il y rencontre quelques succès, à réduire l’injustice fondamentale. Ce qu’on appelle l’Histoire n’est pas autre chose que l’entrecroisement de toutes les fatalités.

Les gilets jaunes savent maintenant. Ils savent que rien ne leur sera donné. Ils savent maintenant que le pouvoir est insensible, apathique, qu’il n’est pas régi par quelconques mouvements d’émotions. Et le pouvoir leur a bien fait comprendre. Immédiatement le pouvoir a mobilisé tous ses moyens, toutes ses ressources, pour dissuader, décourager, discréditer, salir, comprimer, écraser la révolte. Il fallait la briser physiquement et moralement. Méthode répressive brutale pour la dissuasion, pour l’écrasement, méthode propagandiste pour la résignation. Il a déployé toutes ses polices, tous ses infiltrés, tous ses journalistes. Il s’est réfugié dans le mensonge permanent, dans la calomnie permanente. Il a développé et fait développer une fausse réalité, une réalité virtuelle, préfabriqué. Ensemble unifié de mensonges présentant une cohérence factice. Tout pouvoir est mythomane. Mon Dieu il y en a qui sont dupes.

Une machine de répression c’est quelque chose ; une machine de propagande aussi. Revenons-y brièvement. La répression a causé, au décompte de ce jour, et depuis le début des manifestations, entre 2000 et 3000 blessés dont 80 gravement, 19 éborgnés, 4 mains arrachés, 1 décès. Cette répression, d’une violence dont on n’avait plus souvenir, montre, démontre la stratégie de chaos adoptée par le pouvoir, qui répond à deux objectifs : Premièrement intimider, dissuader les manifestants de manifester. Bonne vieille méthode de la matraque, dont le gouvernement a la prérogative. Deuxièmement, il s’agissait par un effet boomerang d’attiser, de provoquer la violence de manifestants. Nous disposons sur ce point d’une intéressante confession d’un haut responsable de police à un journaliste du Monde Diplomatique1 : « C’est nous, l’institution, qui fixons le niveau de violence de départ. Plus la nôtre est haute, plus celle des manifestants l’est aussi. » (Et merci monsieur car c’est très exactement le genre de vérités qui ne doivent pas être dites). On peut en déduire l’intention du gouvernement : en fixant un niveau de violence élevé, et disposant de moyens de propagande infiniment plus élevé que ceux des gilets jaunes, le pouvoir souhaitait que les choses se passent mal, il souhaitait provoquer une violence des manifestants afin de pouvoir les généraliser en casseurs, en séditieux, en sauvages. Petit exemple d’inversion de la réalité pratiqué par le pouvoir et ses journalistes inféodés. Car en matière de propagande journalistique, nous avons également atteint des niveaux dont nous n’avions plus souvenir. Tour à tour, et simultanément, les gilets jaunes ont été accusés par les journalistes du pouvoir d’être racistes, xénophobes, antisémites, homophobes, machistes, violents. Docilement, rampant, au mépris de leur métier, au mépris du travail bien fait, les journalistes des grands médias ont été la voix, le cœur et l’âme du gouvernement. Ils ont été le gouvernement. Ils ont effectué dans l’ordre intellectuel la répression que la police a effectué dans l’ordre physique. Plus servilement encore, plus lâchement.


 

Mais laissons là ces bassesses et parlons de ce qu’il y a de grand. Les gilets jaunes sont la première révolte de masse contre la mondialisation. Ce premier jalon, ce premier pas à accomplir était l’effort suprême, l’effort impossible, et le reste du chemin ne sera qu’une ballade, en comparaison. Ce premier pas, non seulement nous réinscrit dans l’Histoire, mais il inverse la pente de l’Histoire. Avant le 17 Novembre le peuple était condamné. Désormais, la mondialisation est condamnée. Elle se termine au bout de la pente. Il s’agirait de ne pas tomber en route. Soyons simplement patients, tenaces, comme le pouvoir sait l’être, soyons inflexibles, soyons unis et surtout ne soyons pas dupes. Soyons le grand peuple, soyons le bon peuple, donnons-leur des leçons de générosité, de probité, d’intégrité. Soyons malins. Leur armée de communicants ne vaut pas un gramme de bon sens populaire. Ils ont d’ores et déjà perdus.

Les gilets jaunes sont la première révolte de masse contre la mondialisation et on n’est pas peu fier d’être français, en ces moments-là. Notre étendard flotte une fois nouvelle au sommet de la subversion mondiale. Les autres peuples occidentaux sont calmes pour l’instant, paraissent calmes, mais ils nous suivront bien bientôt. Ce qui se passe en France épouvante les dirigeants du monde.


 

Les gilets jaunes ont prouvé la résistance de l’esprit humain face à toutes les drogues télévisuelles administrées. Huxley est démenti. Et c’est peut-être la grande leçon à retenir. Ils avaient eu la main lourde pourtant, les puissants, sur le contenu et la quantité de ces drogues : les divertissements, le football, la télé-réalité, les talk-shows, les faux-débats, télé-poubelle, la publicité, twitter, facebook, instagram, et j’en passe, et j’en passe. Des jeux pour nous transformer en gamins, des applications pour nous transformer en Narcisse. Au feu la culture, au feu l’esprit, au feu les livres. Des gamins incultes et égotiques, sommes d’individus isolés, des mômes consommateurs impulsifs, voilà ce qu’ils veulent faire de nous. Pas de peuple avec ça. Mais toutes ces drogues, tous ces narcotiques n’ont pas suffi et le peuple est toujours. Formidable victoire de l’esprit humain, l’air de rien.


 

Les gilets jaunes ont fondé une mystique, ou plutôt renouvelé une mystique, hors de toutes les politiques, contre toutes les politiques. Une mystique sociale, une mystique de la vérité, une mystique de la démocratie. Une mystique sociale nous l’avons déjà dit, et nous le dirons encore, les gilets jaunes ne représentent pas le peuple, ils sont le peuple, et tout le peuple se sent gilets jaunes, et ceux qui ne se sentent pas gilets jaunes ne se sentent pas du peuple. Plus de faux-semblants et plus d’entourloupes (politiciennes) : la division sociale est maintenant clairement définie. La mystique gilets jaunes est une mystique de la vérité ensuite car à côté de la revendication du pain, parallèlement et combiné à la revendication du pain, les gilets jaunes ont poussé un grand cri de vérité et d’exigence de vérité. Ils disent aux politiciens « Ne nous mentez pas. », ils disent aux médias « Ne nous mentez pas. ». À tous : « Nous ne sommes plus dupes ». Ils veulent le pain et la vérité, et savent que si on leur ment c’est toujours pour leur retirer le pain. 

Une mystique de la démocratie enfin, ce qui n’était pas présent dès le début, mais après avoir constaté la répression sourde en réponse à des revendications sommes toutes modestes, après avoir goûté cette amère fin de non-recevoir, il s’est mis à réfléchir ce peuple. Et il a naturellement conclu que ce n’est pas de mesures provisoires dont il a besoin, ce n’est pas du pain pendant 5 ans dont il a besoin, mais c’est l’assurance d’avoir toujours du pain. Dès lors est apparu l’idée du Référendum d’initiative citoyenne. L’idée n’est pas celle d’une prise du pouvoir mais celle du contrôle du pouvoir. Modestement. C’est la bonne vieille formule de Rousseau « Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi ». Possibilité pour le peuple d’annuler les lois et traités décidés par le pouvoir donc, mais aussi possibilité pour le peuple de proposer ses propres lois. En théorie, le RIC donnerait au peuple un contrôle sur l’orientation générale de la politique. En théorie je dis, car s’il est un jour appliqué, s’il devient effectif, le pouvoir trouvera des moyens de le rendre inutile, de le dévitaliser, le RIC. Rêvez pas.


 

Nous disions la mystique gilets jaunes est née hors de toutes les politiques, contre toutes les politiques. Le paysage politique en France est dominé par trois courants majeures, auxquels s’ajoutent des courant mineures sur lesquelles nous ne nous attarderons pas. Tous sont hostiles à différents degrés aux gilets jaunes, et tous veulent les faire taire, ou leur subtiliser la parole. Aucun ne satisfait pleinement aux exigences du peuple, aucun ne raisonne comme le peuple et ne parle comme le peuple, on pourrait dire : tous sont bourgeois.

Ils ont un ennemi direct, évidemment. C’est ce qu’on peut appeler le parti centriste. J’appelle centriste tous les partis libéraux, européistes, atlantistes (atlantistes, les oligarques le sont de moins en moins, ainsi on voit s’opérer en ce moment un doux rapprochement avec le pouvoir russe. Le pouvoir allemand y a quelques intérêts du reste, gaziers). C’est le pouvoir qui gouverne actuellement, et depuis Giscard. Centre-gauche, centre-droit, droite, gauche, qu’importe, c’est toujours le même. C’est le parti du Capital pur jus. C’est le parti de ceux qui n’en ont strictement rien à foutre des français. Mieux, c’est le parti de ceux qui travaillent directement à la destruction matérielle et morale des français. Libre-échange des marchandises, liberté de circulation du capital et des hommes, c’est à dire désindustrialisation, délocalisation et immigration ; destruction des systèmes sociaux de solidarité, destruction de l’État, des services publics, corruption de l’État, soumission de l’État (aux banques, aux industriels, à tout ce qui a de l’argent) ; managérialisme, c’est à dire soumission des salariés à leurs maîtres ; propagande généralisée, dans les publicités, dans les journaux, dans les programmes télés, dans tous les pores de la société, propagande totale ; américanisation, c’est à dire destruction de la culture et destruction de l’intelligence. Le parti libéral est le parti de l’optimisme débilisant, de la « pensée printemps », du « je vais bien, tout va bien » quand tout va mal, comme si les sentiments profonds pouvaient disparaître sous des imprécations stériles ; c’est le parti qui n’a aucune racine dans le réel, mais qui ne se meut que dans le hors-sol, c’est le parti du hors-solisme le plus pur et le plus absolu. Voilà ce dont peut se targuer le parti libéral en 40 ans. C’est le grand parti haï du peuple mais qui gouverne toujours, inlassablement, qui truque s’il le faut, qui à tous les moyens et tous les médias à sa disposition. C’est le parti de l’Argent. Macron, qui souhaite l’union de tous les centristes, est l’âme et le visage de cette corruption, de cette décadence, de ce pourrissement. Il ne mérite que notre crachat, il ne mérite que notre mépris, il ne mérite que notre dégoût.

L’autre est le parti nationaliste, éminemment représenté par le Rassemblement National. Je sais bien qu’une part sérieuse des gilets jaunes ont ou ont eu un espoir dans ce parti mais observez bien les subtilités, ce chef-lieu de Satan. Observez déjà comment ce parti s’est coulé dans le moule de la propagande gouvernementale concernant les gilets jaunes. Ceux-ci ne sont plus que des casseurs, à l’en croire, des casseurs d’extrême-gauche, des Blacks Blocs, le parti nationaliste reste volontairement aveugle aux abondantes vidéos prouvant que les casseurs et les Blacks Blocs sont en grande partie des policiers infiltrés. C’est que les revendications sociales et économiques des gilets jaunes les gênent fortement. Pour cause, le programme économique qu’ils ont à proposer est exactement le même que celui du parti libéral (avec quelques touches de protectionnisme). D’ailleurs, on peut observer que leur conversion au libéralisme économique est proportionnelle à leur rapprochement du pouvoir. Ils ont abandonné l’idée d’une sortie de l‘euro (qui est une mesure protectionniste indispensable à l’heure actuelle), éjecté leur aile souverainiste (la grandiloquente affaire du couscous de Philippot), ils sont hostiles aux mesures sociales (sous le prétexte fallacieux que seuls les étrangers en profiteraient). Ils ne souhaitent aucunement remplir les frigos vides des gilets jaunes, ni leur donner du travail. Pour eux, l’immigration est le seul problème. Ils ne veulent certes pas effrayer les oligarques dont ils sont une des marionnettes et, du reste, le poison de la division ethnique qu’ils instillent est une menace directe pour le peuple. Ils sont le plan B du Capital. Les possédants ont compris la banqueroute électorale à venir du centrisme, et de nombreux signaux indiquent qu’ils ont désignés les chefs du parti nationaliste comme les prochains gouvernants.

Le dernier est ce qu’on appelle l’extrême-gauche bourgeoise, ou extrême-gauche culturelle. On les trouve politiquement du côté de la France Insoumise, du Parti Communiste Français, ou du Nouveau Parti Anticapitaliste. Ils constituent une menace sérieuse et sournoise envers le mouvement gilet jaunes. Disons-le tout de suite, l’extrême-gauche bourgeoise est des deux autres partis celui qui analyse le mieux et au plus près la réalité économique et sociale que vivent les gilets jaunes. Ils sont les plus réalistes à ce niveau. Et étant ceux qui proposent la meilleure analyse économique, ils sont aussi ceux proposant les meilleures solutions. Et c’est à ce titre qu’ils se sentent légitimes pour parler à la place des gilets jaunes. Ils ne veulent pas faire taire le peuple, ils veulent substituer sa parole par la leur. Ce qui est faire taire le peuple. Plusieurs signes distinctifs caractérisent l’extrême-gauche bourgeoise : pour elle, manifester avec un drapeau français est signe d’un racisme patent, une des raisons pour laquelle elle a longuement hésiter à soutenir les gilets jaunes (ces beaufs) (avant de s’y rallier par opportunisme politique) ; pour elle, la montée de l’islam politique est un épiphénomène, dont il ne faut pas parler ; pour elle, l’immigration n’est pas un problème ; elle a toujours des idées ben tranchées, et fait preuve preuve d’un dogmatisme et d’une intolérance quasiment moyenâgeuse pour quiconque n’a pas les mêmes. L’extrême-gauche bourgeoise, c’est celle qui nous berne, ou qui essaie de nous berner avec sa « Convergence des luttes ». Mais dans leur acceptation du terme « Convergence des luttes », il ne s’agit nullement de faire converger les luttes sociales, il ne s’agit nullement de relier physiquement les manifestations des aides-soignants, des infirmiers, des ouvriers en grève, des pompiers, des cheminots, et de tous ceux que j’oublie. Il ne s’agit pas de d’organiser la grande grève générale de tout le pays, tous en même temps, pour faire tomber ce gouvernement, une bonne fois pour toutes. Non. Ce qu’ils entendent par « Convergence des luttes » c’est de mettre un signe égal entre la lutte sociale et leurs luttes sociétales. Ils souhaitent sélectionner uniquement la partie du peuple qui a la bonne opinion (la leur) sur les débats de société, bien souvent futiles. Pour l’extrême gauche bourgeoise, une ouvrière qui est opposée au mariage homosexuel, un infirmier qui n’aime franchement pas l’islam, une femme de ménage qui doute du réchauffement climatique, une livreuse qui ne se sent pas féministe ne font pas partie du peuple, ou plutôt font partie du mauvais peuple : ils n’ont pas le droit de « converger ». Quand on prétend représenter le peuple, quand on prétend le rassembler, on ne commence pas par le diviser entre le bon et le mauvais peuple. Ch’ais pas moi. Ça me semble l’évidence même. C’est que l’extrême-gauche bourgeoise, comme tout parti bourgeois, est frappé de ce même hors-solisme qui l’empêche de voir des vérités pourtant basiques. (Étrange construction mentale, qui résulte d’une étrange construction historique, l’extrême-gauche bourgeoise étant fille du parti intellectuel, que Péguy tançait déjà, puis qui est passé par Sartre, puis par Foucault, aujourd’hui par Badiou).

Du reste l’extrême-gauche bourgeoise passe le plus clair de son temps non pas à rassembler, à unir, à construire le peuple, non pas à organiser ce peuple contre le Capital, mais à s’opposer verbalement au parti nationaliste. Terrible théâtre de guignols mis en scène par les médias où la marionnette extrême-gauche tape la marionnette nationaliste avec sa matraque, puis où la marionnette nationaliste tape la marionnette extrême-gauche en retour. Mais c’est le Capital qui tient les ficelles. L’extrême-gauche joue de son plein gré le jeu consistant à faire passer les débats d’opinions pour la question première de la politique, reléguant la lutte des classes à une question secondaire. Tout le système politique tel qu’il est me fait l’effet d’un vaste complot visant à étouffer la parole des gens ordinaires.


 

Nous autres, nous nous sentons éloignés de tous ces partis, et de toutes ces basses politiques. Nous nous ne sentons que du peuple. C’est pour cela que nous nous ne sentons que gilets jaunes. Et mon dernier mot sera un avertissement. Ne laissons en aucun cas la mystique gilets jaunes se dégrader en une politique. Nous ne sommes pas un parti. Et nous ne voulons pas en être un. Pourquoi vouloir être un parti quand on est le peuple ? Les gilets jaunes doivent travailler le fond de la masse, amener chaque citoyen à réfléchir sur ses conditions, diffuser les analyses économiques que le pouvoir cache. Ils doivent être une immense université populaire. Et une force de résistance. Partout il faut lutter, manifester, résister. Les gilets jaunes doivent être la fédération de toutes les douleurs, et de tous les espoirs.

Ne laissons en aucun cas les prétendus leaders gilets jaunes parler en notre place (sauf s’ils sont mandatés pour, et sous contrôle strict de leur parole), ni s’acoquiner avec des partis en notre nom. Pour une fois qu’on tient quelque chose, ne le laissons pas glisser entre nos doigts. Pour une fois que le peuple est debout ; pour une fois qu’il est debout et conscient ; pour une fois que le peuple est uni, et qu’il s’est unifié par lui-même ; pour une fois que le parti libéral se sent en danger ; pour une fois qu’on sent la possibilité de mettre fin à la mondialisation, cette lente paupérisation ; pour une fois qu’un avenir meilleur devient envisageable ; pour une fois qu’on tient une mystique, populaire, vierge, de toute corruption, de toute politique, ne la laissons pas se faire salir, ne la laissons pas être confisqué, ne la laissons pas être détruite. 

 

Égalité, Justice, Équilibre, Équité.

1 « Pourquoi maintenant ? » par Laurent Bonelli, dans Le Monde Diplomatique de Janvier 2019.

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